Notre rôle, en tant qu’ONG de solidarité internationale, est d’agir pour le bien commun. Nous agissons pour permettre l’accès à l’électricité et à l’eau des populations situées en zone rurales isolées. Notre action améliore le quotidien des bénéficiaires, c’est un fait. Cependant, notre action, comme celle de l’ensemble des acteurs du développement, a un impact sur l’environnement. Or, nous le savons tous, l’heure est aussi à l’urgence pour lutter contre le dérèglement climatique.
Comment mesurer notre impact sur l’environnement ? Quelles solutions peuvent être pensées et déployées pour réduire notre impact tout en poursuivant nos actions ?
En décembre 2020, nous étions partie prenante de la Conférence Nationale Humanitaire organisée de manière paritaire par le Centre de crise et de soutien du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères et les ONG françaises de solidarité internationale, réunies au sein de Coordination Sud. Lors de la table ronde consacrée au changement climatique, 10 ONG (dont Electriciens sans frontières) ont présenté et signé une déclaration d’engagements significatifs, initiée par le Réseau Environnement Humanitaire, pour renforcer encore leur contribution à la lutte contre le dérèglement climatique.
Au même moment, nous nous sommes engagés aux côtés d’organisations humanitaires à intégrer la prise en compte des enjeux climatiques dans nos opérations. Cet engagement s’est concrétisé, en 2021, par la création d’un consortium intitulé CHANGE (Consortium of Humanitarian Actors and Networks engaged in Greenhouse gas Emissions reduction – Consortium des acteurs et réseaux humanitaires engagés dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre).
En signant cette déclaration et prenant part à ce consortium, nous nous engageons notamment à :
- mesurer les impacts environnementaux et carbone de nos actions ;
- réduire nos émissions d’ici 2030 ;
- adapter nos actions pour relever les défis liés au climat ;
- rendre des comptes en communiquant sur les progrès réalisés et les actions entreprises ;
- sensibiliser le secteur et encourager d’autres acteurs à faire de même.
Réduire notre empreinte carbone peut paraître futile et secondaire alors que l’objet de notre action est de répondre à un besoin essentiel d’accès à l’énergie. Cependant, les pays dans lesquels nous intervenons subissent déjà grandement les effets du dérèglement climatique et il est inconcevable d’aggraver davantage la situation.
Lorsqu’il s’agit de la mise en œuvre de nos projets, des éléments comme les déplacements, l’approvisionnement en matériel ou la gestion des déchets (notamment des équipements électriques et électroniques (DEEE)) dans nos pays d’intervention se dégagent.
Prenons l’exemple des déplacements, les enseignements de la crise sanitaire sont précieux car ils ont ouvert la voie aux interventions faites pour tout ou partie à distance, que ce soit dans notre organisation en France comme dans nos pays d’intervention. Si nous réalisions déjà des actions à distance pour nos projets situés en zone rouge, nous avons aujourd’hui acquis davantage d’expérience et ainsi pu renforcer notre position et nos connaissances dans la mise en œuvre de projets en distanciel.
Par ailleurs, l’élaboration d’outils de comptabilisation et d’une base de données (CO2 émis, CO2 évités) nous permettra d’analyser chacune de nos activités en interne (vie associative, fonctionnement des équipes, réalisation et suivi des projets). S’en suivrait la définition d’une méthodologie d’agrégation et de suivi de ces données, ainsi que l’élaboration d’un guide synthétique des pratiques à mettre en œuvre, etc. Les questions soulevées sont nombreuses, tout comme les chantiers initiés de plus ou moins longue date.
L’espoir de pouvoir réduire l’impact des acteurs du développement, et particulièrement des ONG est réel puisque, les leviers d’action sont nombreux. Si certains leviers sont déjà engagés ou intégrés dans notre quotidien, nous devons faire plus et établir des critères standards, comparables d’une structure à une autre pour pouvoir évaluer nos difficultés et nos avancées.
Rappelons ici que nos projets sont une solution visant à apporter une énergie décarbonée à des populations qui utilisent ou utiliseraient (si elles en avaient les moyens) des sources d’énergies polluantes et nocives pour la planète.
Le principe même d’Electriciens sans frontières est d’aller là où les autres ne vont pas, car nous sommes conscients que les personnes vivant en zones rurales isolées ne bénéficieront pas d’un accès à l’électricité et/ou à l’eau avant bien trop longtemps. Or ces deux ressources sont indispensables, voire vitales. Elles permettent de répondre aux enjeux de développement à la fois économique et humain des populations tels que l’éducation, la santé, la formation, la sécurité…
Pour répondre à ces enjeux, nous avons recours à l’énergie du soleil et parfois à l’énergie hydraulique, deux moyens de production ayant un impact limité sur l’environnement. Ces énergies sont dites renouvelables, elles ne rencontrent par conséquent pas de risque d’épuisement, et sont particulièrement adaptées à nos zones d’intervention, notamment en Afrique subsaharienne où on constate un taux d’ensoleillement important.
Ces sujets ne sont pas une nouveauté, nous travaillons depuis plus de 10 ans sur l’évaluation de l’impact climatique de nos projets, et plus globalement de notre fonctionnement.
En participant à ces nouvelles initiatives, nous agissons pour que la lutte contre le dérèglement climatique soit pleinement intégrée aux stratégies d’intervention des organisations humanitaires.